Le Département a déterminé une sélection d'espèces représentatives ou en situation de vulnérabilité. Certaines sont étonnantes, voire uniques au monde. On les nomme les 64 Fantastiques
En matière de biodiversité, les Pyrénées-Atlantiques se classent parmi les départements français les plus privilégiés de la métropole. On y recense pas moins de 2 300 espèces végétales. Côté faune, on y rencontre plus de la moitié des espèces de mammifères qui vivent en France, soit 92 sur 157. On y trouve aussi 26 des 34 chauves-souris de l'Hexagone, 21 des 43 amphibiens et 20 des 45 reptiles.
Ce tableau ne doit pas cacher les zones d'ombre de l'histoire récente. Au rang des disparus sont inscrits la baleine des Basques et le bouquetin des Pyrénées, tous deux victimes d'une chasse excessive, ou encore le lézard ocellé, proie des chats domestiques. Plus près de nous, 23 des 77 espèces botaniques patrimoniales du littoral se sont évanouies durant la période 2008-2018. En cause : l'urbanisation, l'érosion marine, la surfréquentation des sites naturels, le changement climatique ou la prolifération des espèces envahissantes.
Une biodiversité menacée
Aujourd'hui, la menace des disparitions perdure. Elle plane tout particulièrement sur le desman des Pyrénées, petit mammifère autrefrois présent dans les cours d'eau du piémont basque et aujourd'hui retiré sur les hauteurs montagneuses. Le grand tétras, un coq de bruyère farouche, célèbre pour sa parade amoureuse, a vu son aire d'habitat reculer d'une quarantaine de kilomètres au cours des quarante dernières années.
C'est un fait scientifiquement avéré : la biodiversité s'effondre à l'échelle de la planète. La majorité des biologistes s'accordent à dire que la Terre connaît actuellement la sixième extinction de masse de son histoire. Ce phénomène est au moins 10 fois plus massif et 100 fois plus rapide que ceux précédemment établis.
Un engagement collectif
La France s'est engagée à réduire cette érosion du vivant. Elle a notamment ratifié, en 1994, la Convention sur la biodiversité biologique, un traité international signé par 150 représentants de gouvernements. En 2016, elle a promulgué la loi de reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, qui confie aux régions les déclinaisons des engagements nationaux. En 2023, le pays a lancé sa nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité (SNB3) tandis que le Parlement européen adoptait son projet de loi sur la restauration de la nature.
A son échelle, le Département multiplie les actions en faveur de la biodiversité dans le cadre des missions qui lui sont imparties. Il protège notamment la qualité des habitats naturels. Les actions pour préserver cet environnement vital trouvent une concrétisation dans les espaces naturels sensibles. Le Département s'engage aussi dans des démarches collectives de préservation des espèces qui mobilisent les scientifiques, les administrations, les associations et les citoyens. Ce type d'approche a déjà permis, par le passé, de sauver le saumon atlantique, la vache béarnaise ou l'abeille noire.
Par le biais de ses missions d'ingénierie, le Département aide par ailleurs les communes à acquérir une meilleure connaissance de leur patrimoine naturel. Il les accompagne de même dans la mise en oeuvre des projets pouvant avoir un impact sur la biodiversité.
D'étonnantes espèces
Pour protéger les espèces, il faut avant tout bien les connaître. Et si possible, les faire connaître. C'est en ce sens que le Département a lancé une initiative originale : Les 64 Fantastiques. Le nom résonne comme celui des super héros de cinéma et de bande dessinée. Il faut dire qu'il a été donné à de très étonnantes espèces. Parmi celles-ci, on trouve notamment un mammifère volant qui tient dans une boîte d'allumettes, le petit rhinolophe ; un mollusque dont les petits voyagent dans les branchies des truites, la moule perlière ; un gros oiseau qui laisse des empreintes de lièvre, le lagopède alpin ; ou encore une algue rouge qui sert à la fabrication des pâtisseries, le Gelidium.
Pour sélectionner ces 64 Fantastiques, le Département a demandé à des spécialistes de déterminer la liste des espèces en position de vulnérabilité dans les Pyrénées-Atlantiques. Sur les 270 espèces identifiées, 64 d'entre elles ont été retenues sur des critères tels que l'effectif, l'importance du territoire dans le cycle de vie ou le classement de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Il a également été fait en sorte que toute la géographique départementale soit représentée : plaines, coteaux, montagne, océan, cours d'eau, forêts, zones humides...
La sélection s'intéresse à tous les groupes. Elle comprend les plus connus, comme ceux des oiseaux et des mammifères, mais aussi les plus marginaux, comme ceux des vers de terre ou des lichens.
Les ingénieurs et les parapluies
Les espèces possèdent une fonction écologique. Certaines sont dites ingénieurs, car elles agissent sur l'écosystème au bénéfice d'autres espèces. On trouve aussi les sentinelles, qui sont les témoins des dégradations des milieux naturels.
Les 64 Fantastiques, ce sont aussi des espèces parapluies, auxquelles le Département apporte une attention particulière. Car elles servent de protection à leurs voisines En préservant leur habitat, on assure leur présence dans la chaîne alimentaire, ce qui permet la persistance d'autres espèces, parfois rares ou menacées. Les portraits de ces 64 Fantastiques sont rassemblées dans un livret illustré, à découvrir et à lire sans modération.